Urbaniser tout en préservant la qualité de l’air, c’est possible

L’enjeu de la qualité de l’air n’est plus à démontrer. Non seulement, en France, la pollution est responsable de 48 000 décès prématurés par an(d’après une étude de Santé Publique France), mais elle a aussi un coût, jusqu’à 100 milliards d’euros par an. Les actions déployées sur le territoire d’Annemasse Agglo, territoire majoritairement urbain et principale agglomération française du Grand Genève, en faveur de la réduction des émissions de polluants atmosphériques produites et pour réduire l’exposition des populations à la pollution atmosphérique représentent donc un enjeu capital et doivent se poursuivre. Premier levier pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique : la maîtrise de l’urbanisation. Si la densité de l’urbanisation peut certes éviter l’étalement, elle entraîne aussi une concentration en zone urbanisée de nombreuses émissions de polluants liées aux activités humaines. Les décisions en matière de planification et d’aménagement des territoires ont donc des impacts directs sur l’environnement et sur la santé des habitants.

Annemasse Agglo, lauréate de l’appel à projet « Villes Respirables en 5 ans » s’est engagée à renforcer l’intégration et la prise en compte de la qualité de l’air dans les documents de planification, en réalisant notamment une carte stratégique de la qualité de l’air. Élaborée selon un guide national, et déclinée sur les grandes agglomérations de la région, la Carte Stratégique Air (CSA) permet d’établir un diagnostic air/urbanisme rapide et de hiérarchiser les zones du territoire sous l’angle de la qualité de l’air. Véritable facilitatrice pour répondre à l’obligation d’intégrer la thématique de la qualité de l’air dans les documents d’urbanisme, elle a été mise à disposition par l’association agréée de surveillance de qualité de l’air Atmo Auvergne – Rhône-Alpes. Décrivant la qualité de l’air en milieu urbain, cette carte vise, en les identifiant, à mieux résorber les zones en dépassement des seuils réglementaires de la qualité de l’air, éviter d’exposer de nouvelles zones à la pollution et préserver les zones épargnées par la pollution atmosphérique.

La carte stratégique air est une cartographie réalisée sur plusieurs années et différents polluants, ce qui lisse les variations de la météorologie sur les niveaux de pollution. Elle permet de mettre le focus sur les enjeux et de les hiérarchiser : par exemple, l’importance de ne pas exposer davantage à la pollution des enfants ou des personnes fragiles se trouvant dans des zones déjà sensibles. Cette opération a également révélé sur le territoire les zones de proximité routières les plus exposées. Les zones en dépassement réglementaire et en dépassement réglementaire potentiel sont essentiellement localisées en bordure de l’autoroute A40 et des principaux axes routiers structurant de l’agglomération (route d’Etrembières, Avenue de l’Europe, route d’Arve, rue et route de Genève, avenue Émile Zola, Avenue Jules Ferry, rue de Faucigny…). Elles concernent 3,8% de la population de l’agglomération (environ 3 200 hab.).

Objectif de la carte stratégique : être utilisée comme un outil de diagnostic permettant de hiérarchiser rapidement les zones du territoire sous l’angle de la qualité de l’air en cinq classes. Elle guide les décideurs dans les projets d’aménagement afin que le développement légitime de l’urbanisation n’aggrave pas l’exposition de la population aux activités polluantes. Ceci en identifiant les zones à privilégier pour un projet de construction destiné à recevoir du public et pour limiter l’impact sur la santé des usagers, ou en évitant d’implanter une nouvelle source de pollution dans une zone en risque de dépassement des valeurs réglementaires.

Décryptage

La Carte Stratégique Air est élaborée à partir des cartes de concentrations de polluants les plus problématiques en milieu urbain : les particules fines PM₁₀ et PM_2,5 et le dioxyde d’azote (NO₂). L’ozone n’est pas pris en compte.

Annemasse Agglo est particulièrement impactée par des émissions d’oxydes d’azote d’origine routière (70%) et des émissions de particules issues principalement du secteur résidentiel, en particulier pour les plus fines (PM_2,5 : 69%).
Les activités industrielles de l’agglomération contribuent également à hauteur de 19% des émissions de particules les plus grossières (PM₁₀).